La gestion centralisée de la trésorerie est une pratique qui concerne les entreprises ayant plusieurs structures rattachées. Elle consiste à rapatrier tous les flux sur un même compte support, le plus souvent détenu par une holding. Les transferts de fonds non justifiés ne sont pas autorisés entre les différentes organisations. Il est donc impératif de mettre en place des conventions de trésorerie entre la société mère et ses filiales. Comme chaque solution, ce procédé présente des avantages et des inconvénients.
Sommaire :
Les avantages de la gestion de trésorerie centralisée
Dans la mesure où la mise en place d’une telle solution nécessite du temps et de l’argent, le jeu en vaut-il la chandelle ? En quoi cette solution est-elle profitable à la compagnie ?
La consolidation de la trésorerie de l’entreprise
Avec ce procédé, les soldes de toutes les filiales se retrouvent pilotés au même endroit. Cela donne une vision globale des flux de trésorerie générés par le groupe. Ainsi, il est plus simple d’adapter la stratégie financière à court, moyen et long termes. À tout moment, le directeur financier peut savoir ce qu’il en est du niveau général des liquidités et prendre des décisions plus éclairées.
Une certaine réduction des coûts
Le fait de gérer un maximum d’opérations à partir d’un compte unique engendre des économies de moyens, notamment une baisse des coûts de transaction. Ceci est d’autant plus vrai que tous les comptes sont abrités par la même banque, qui propose le plus souvent des conditions de tarification avantageuses. On constate cela davantage dans un environnement international. En effet, la centralisation de trésorerie permet, par exemple, d’avoir un compte en devise unique pour limiter fortement les frais de virement, mais également de change.
Une gestion de trésorerie optimisée
La gestion centralisée des liquidités donne une meilleure visibilité sur les flux financiers de l’organisation. Elle globalise la tenue de l’épargne en fonction des besoins de chaque entité. Sur la base de sommes plus importantes, les rémunérations obtenues sont souvent supérieures. Grâce aux conventions de trésorerie, les mouvements monétaires sont possibles dans les deux sens. Il est ainsi possible de rééquilibrer les flux à l’échelle du groupe. Si les excédents de trésorerie sont mieux gérés, c’est également le cas de l’endettement à court terme. Une meilleure gestion de la trésorerie améliore la rentabilité et donc la performance.
Les inconvénients de la gestion de trésorerie centralisée
Une certaine complexité à la mise en place
Le processus peut paraître compliqué, surtout dans les cas où les entités regroupées sont très nombreuses. En effet, il nécessite une grande coordination entre les différentes unités. La nature humaine étant réfractaire au changement, il peut être difficile de faire adhérer les employés au système.
De plus, le dispositif est très encadré. Il est soumis à de multiples contraintes réglementaires et fiscales.
Des coûts non négligeables à considérer
La mise en place de systèmes de gestion de trésorerie informatisés (TMS), outils de coordination et de suivi indispensables, s’avère onéreuse. Il faut également analyser le coût du temps et des ressources, notamment humaines, associées au processus.
Un risque de centralisation excessif
Le système manque de flexibilité, ce qui peut être un problème lorsque les filiales ont des besoins très différents en la matière.
La centralisation des données financières peut, par ailleurs, augmenter les risques de sécurité. Ceci est notamment vrai en cas de cyberattaque.
Les alternatives à la gestion de trésorerie centralisée
Quelles autres solutions s’offrent aux entreprises regroupant plusieurs entités en matière de gestion de trésorerie ?
La gestion de trésorerie décentralisée
C’est un modèle de gestion dans lequel chaque succursale pilote sa propre trésorerie de manière autonome. Chaque entité dispose de son budget, en fonction de ses flux. Elle décide de sa stratégie financière et de ses propres investissements.
Ce système est préférable pour les grands groupes ayant des filiales dans plusieurs pays dont les réglementations juridiques et fiscales divergent. Cela permet également de profiter d’éventuelles opportunités locales de placement. Attention, bien entendu, à rester dans la légalité : l’idée ici n’est pas de pratiquer l’évasion fiscale !
Plus souple pour la gestion du quotidien, cette méthode de gestion entraîne, cependant, des dépenses supplémentaires en matière de frais bancaires et de risque de change. Elle peut aussi compliquer la prise de décision au niveau de la stratégie financière globale de l’entreprise. Si les données sont dispersées, si les contraintes sont différentes, si les situations sont très hétérogènes : la vision des dirigeants est aussi moins claire. Cela peut alors nuire à la rentabilité générale.
La mise en place de centres de trésorerie régionaux ou CTR
Les CTR sont des entités qui centralisent la gestion de la trésorerie pour les filiales d’une entreprise dans une zone géographique déterminée : Europe, Moyen-Orient, Asie, Afrique, Amérique du Sud… Ils sont plus rarement utilisés pour regrouper les opérations de succursales ayant des exigences similaires, mais n’étant pas situées dans la même zone.
Le fonctionnement est le même que pour les centres de gestion centralisée de la trésorerie (avec les avantages d’économies de moyens), mais il est limité à une région donnée.
Si la taille de l’entreprise et la répartition géographique le permettent, il s’agit de la solution alternative entre trop de centralisation et pas suffisamment.
Centraliser la trésorerie peut paraître assez complexe et représente un coût certain. Cela dit, la décision est à prendre au cas par cas. En effet, à l’échelle de grands groupes internationaux, elle permet finalement de réduire les coûts et peut se révéler être un véritable levier de performance.